Après 30 années d’exercice d’un métier qui me passionnait, tant il répondait à mon élan de me mettre au service des autres, la joie et l’enthousiasme ont fait peu à peu place à une tension et une douleur intérieures.
Mon aspiration la plus profonde d’être dans un partage d’humanité, de cœur à cœur, selon l’élan et le besoin de l’instant, a fait progressivement place à un sentiment de vide, de non sens.
Je suis entrée dans cette formation professionnelle avec un appel profond et puissant d’oeuvrer sans attente autre que celle de répondre aussi bien que je le pouvais à un appel à la fois intérieur et de l’autre, en quête de ce que je pouvais lui apporter pour se vivre dans un mieux-être existentiel, en prenant appui sur des moyens très concrets et qui se déployait dans un quotidien tangible et matériel.
Alors, qu’est ce qui avait bien pu changer à ce point ? Qu’est ce qui ne se reconnaissait et ne se goûtait plus en moi dans cet élan premier ?
Je regarde tranquillement en moi et je vois cet élan primordial se tordre et se retordre de plus en plus fortement, se travailler, pour prendre une forme, se conformer, à la forme imposée par l’extérieur. Je me rends compte que cette forme, en définitive, je me l’infligeais pour répondre à une croyance qu’en l’adoptant je serais reconnue, aimée dans cette proposition de partage de mes ressources à la fois humaines et de connaissances.
Cette torsion qui s’est travaillée en moi, en travaillant dans un métier, en me conformant à la forme attendue, étiquetée par la dénomination du statut et du poste que j’occupais, était arrivée à son état le plus compact, le plus liberticide intérieurement et mon être tout entier, corps compris a dit STOP ! comme un appel au secours.
Après une année de pause totale de tout ce qui pouvait se vivre en interaction avec l’extérieur, en parallèle d’un accueil profond et douloureux de toutes ces peurs d’être rejetée et ces parts de moi, bâillonnées, reléguées à la cave car non conformes aux attentes d’un modèle unique, j’ai, tout doucement, pu reprendre et découvrir une forme originale, la mienne ! J’ai découvert que cette forme est accompagnée de ressources insoupçonnées et mises en veille.
Je dis OUI à cette résurgence intérieure et, telle une enfant émerveillée par un trésor caché, je me laisse découvrir et révélée dans ce présent libéré.
Et c’est à partir de ce que Je Suis, que je me propose à nouveau au monde, sans concession qui nuirait à mon intégrité mais avec la joie de partager et de m’enrichir des richesses rencontrées dans une œuvre commune.
Un partage de la volonté, non plus de travailler, dans le sens, se tordre dans une forme qui n’est pas la nôtre, mais de se faire découvrir les uns aux autres des richesses personnelles et complémentaires pour former une œuvre commune en perpétuelle liberté de mouvance et de beauté, au service de La Vie.
Œuvrer et co-créer ensemble à partir de ce que nous sommes dans notre merveilleuse unicité.
Sandrine
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