Supporter l’insupportable tel un fardeau trop lourd pour mes épaules et mon dos meurtris.
Accepter que je suis victime d’un processus de destruction programmée et ne plus avoir honte et me cacher.
Libérer ma parole pour pouvoir raconter et déposer ce fardeau qui pèse de plus en plus après tant d’années et m’empêche d’avancer.
Me sentir enfin entendue et reconnue au travers de mes pleurs désespérés devant ces actes insensés.
Ne plus me sentir seule et survivre tant bien que mal au milieu du monde des vivants sans pouvoir y trouver ma place, déambulant telle une morte vivante.
Me sentir salie sans pouvoir me nettoyer et passer mon temps à me dissimuler derrière des barrières et des sourires de convenance tout en mettant le monde à distance, de peur d’être vue souillon.
Me réfugier dans un univers lointain et me désengager de ce corps souffrant, pour pouvoir supporter l’insupportable.
Accepter l’insupportable en croyant que c’est justifié et que c’est le meilleur qu’il m’est donné de supporter.
Ne pas pouvoir mesurer ma véritable valeur et penser que le mieux pour moi n’est que souffrance et douleur.
Ne pas supporter le regard du monde sur moi, regard que je crois être empli de cruauté ou de dégoût et au milieu desquels je tremble de peur, au plus profond de moi.
Me cacher, même à moi-même pour ne pas voir et sentir la puanteur et la laideur de la noirceur qui se sont engouffrées en moi, au creux de mon ventre et de mon cœur humain.
Sentir le poison se répandre dans chaque recoin de mon être en souffrance et m’en accommoder ne sachant pas que le bonheur existe ou qu’il n’est pas pour moi.
Survivre en tant que morte vivante en attendant que le corps meure et libère l’âme afin qu’elle puisse rentrer chez elle, auprès des siens, auprès de qui elle se reconnait en tant qu’entièreté.
Puis, un jour, à force de demander et d’œuvrer pour laisser le cœur vibrant s’imposer, timidement me laisser approcher, apprivoiser par la douceur tant appelée et espérée.
Prendre doucement les mains tendues, bienveillantes et accueillantes, me laisser regarder et me voir derrière la souffrance comme un être digne d’être aimé.
Le chemin est long et j’ai besoin de délicates attentions afin d’avancer vers la guérison de mon corps et de mon âme meurtris.
Être entendue et reconnue pleinement dans ce qui s’est vécu comme l’insupportable est le premier pas vers la résurrection et l’idée d’être vivante parmi les vivants.
Ouvrir les portes de ma prison et laisser sortir le poison qui me ronge de l’intérieur afin de respirer enfin le parfum de la vie.
Accepter les mains tendues qui ne demandent qu’à m’aider à me voir vraiment telle que je suis, derrière la peur qui m’habite au plus profond.
Comprendre enfin que je ne suis pas la peur et ne plus m’identifier au démon qui s’est introduit en moi et a endommagé mon corps et mon cœur d’enfant.
Laisser petit à petit l’Amour que Je Suis reprendre sa juste place et rayonner pleinement au sein de mon corps, de mon âme et de mon esprit pour retrouver un sens à mon incarnation.
Accepter de voir que j’ai supporté l’insupportable, le nommer pour m’en différencier et pouvoir le déposer à l’extérieur de moi pour m’en libérer enfin et laisser la vie reprendre sa place pour que je puisse enfin marcher la tête haute, vivante au milieu des vivants.
Ne plus supporter l’insupportable, ne plus se sentir survivante mais commencer à croire en ma résurrection pour vivre pleinement mon incarnation comme un présent de l’âme à la vie qui est accueillie par les bras aimants de la terre nourricière.
Retrouver le vrai goût de l’Amour au travers des bras de parents réellement aimants à redécouvrir au fond de soi pour me reconnaitre amour vivant.
Sandrine
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