Issue de la terreur, inscrite profondément, en mémoire dans les entrailles de mon corps et de mon cœur humain, la sidération est la petite sœur de la mort.
Non pas la mort/renaissance mais la mort/fin, la mort où tout se fige dans un espace dans le lequel le mouvement est absent, pas même une petite brise, un petit souffle d’espérance.
Un espace vide, entre deux mondes, dans lequel mon âme se réfugie au moindre sentiment d’insécurité.
Un espace dans lequel je me rends invisible, même à moi-même, pour ne pas être repérée et agressée ou utilisée tel un objet au bon vouloir d’un autre.
Un espace dans lequel rien n’existe, rien ne vit, dans lequel aucun mouvement n’est inscrit. Tout y est suspendu. Il y fait froid, humide, je m’y sens serrée, enfermée mais à l’abri de toute attaque violente et insoutenable.
J’ai envie de sortir de cet espace pour aller à la rencontre de la vie, en toute confiance, mais la peur est encore trop présente, trop puissante.
Alors je regarde, j’observe de loin, par la petite ouverture, entre les planches de ma prison/refuge.
Je ne peux pas encore en sortir pour prendre la main qui m’est tendue avec douceur et tendresse mais je sais qu’elle est là et qu’elle attend que je sois prête, sans pression, sans contrainte, avec patience et tolérance, face à mon besoin de bouger tout doucement, à mon rythme.
Alors je prends le temps pour que chaque mouvement soit fait en partant de mon élan intérieur. Un élan qui me donne envie d’aller vers … et avec un peu de désir à défaut de l’idée de plaisir.
Désir de me voir bouger, respirer, exister à part entière pour, progressivement, devenir désir de vivre.
C’est un mouvement lent, qui a besoin d’être assuré, rassuré à chaque étape, à chaque seconde pour éviter de se replier à jamais.
C’est un mouvement qui a besoin de ressentir pleinement la douceur, la tendresse, la bienveillance et l’invitation sans jugement.
Une présence sans contrainte, sans autre attente que celle de mon désir intérieur de bouger tout doucement pour constater qu’il n’y a plus de danger.
Rien ni personne d’autre que moi, enfermée dans ma sidération, ne peut savoir quand le mouvement est prêt à s’amorcer.
Merci à la vie de m’ouvrir les bras et de ne pas m’abandonner alors que je ne peux pas encore l’embrasser.
Merci à la vie de m’inviter à sortir au grand air sans me forcer.
Je viens, tout doucement, mais je viens sûrement vers cet appel de la vie à elle-même, à travers moi.
Je me souviens, qu’il y a un temps, j’étais la vie, j’étais pleinement vivante et cette mémoire se réveille doucement pour reprendre son droit au bonheur enfin retrouvé et que je n’ai pas oublié, tout au fond de moi.
Sandrine
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